Nous attachons une attention particulière aux apports de la clinique de l’activité et de la psychopathologie dans la compréhension du rapport individuel au travail et des rapports au collectif.
Le travail est souvent simultanément développement de soi et frustration liée à l’impossibilité d’agir selon ses aspirations pour bien faire son travail, au manque de reconnaissance du niveau d’engagement investi dans son activité par un management sous pression, davantage centré sur des injonctions gestionnaires que sur les conditions de réalisation du travail et de la production.
Il est souvent prise d’initiative, de plus en plus exigée par les évolutions technologiques et sociales, et non mise à disposition des moyens nécessaires pour exercer ses responsabilités, assumées malgré tout : les organisations du travail se dérobent, ne répondant pas aux besoins nouveaux de ressources et d’organisation collective exigées par l’activité.
Ainsi que l’exprime Jean-Claude Sperandio, "dans l’histoire des technologies, peu d’entre elles - probablement aucune à ce point - n’ont si profondément transformé l’ensemble du travail humain et finalement touché toute la société elle-même que ne l’a fait l’informatique contemporaine" (1). Ces bouleversements ont amené à poser de nouvelle manière la question de la division du travail (obstacle ou condition de "l’efficacité sociale" ?), de la place du travail dans la vie des individus et de la société, l’exigence de nouveaux rapports entre temps de travail / temps hors travail et de nouveaux contenus pour chacun d’eux.
1) J.C. Sperandio, L’ergonomie du travail informatisé, in Traité de psychologie du travail, PUF, Paris 1987, p.129
2) Pascale Molinier, in, Travailler, Revue internationale de psychopathologie et de psycho-dynamique du travail, n°4, 2000.