L’ergologie est une démarche, une posture, qui vient enrichir la définition de l’activité développée par l’"ergonomie de l’activité" de langue française.
Elle s’attache à ressaisir, au coeur des activités vivantes, cette part de normes, de valeurs, de savoir-faire et de connaissances qui sont produites par les opérateurs et les collectifs de travail pour faire face aux exigences et aux contraintes de la production. L’activité réelle, dans un contexte industrieux, ou de service, et les résultats atteints, s’opèrent dans des débats permanents entre normes antérieures et normes et valeurs portées par chaque individu.
Le contenu de l’écart travail prescrit/travail réel est toujours resingularisé et les pratiques diverses d’organisation de son poste de travail, de stratégies opératoires, de gestuelle et de posture, procèdent d’arbitrages complexes qui mobilisent étroitement, dans des processus trés souvent non conscients, toutes les composantes du corps et de l’esprit.
L’ergologie part du principe que ces normes et débats de normes produits dans les activités de travail, viennent réinterroger les normes sociales, les règles établies, les catégories scientifiques, et le travail prescrit tel qu’il est défini en amont dans les bureaux d’étude ou de méthode, ou les services qualité de l’entreprise.
Ne pas les prendre en compte au niveau du prescrit revient à manquer une part essentielle de compréhension du travail réel, et par conséquent de l’efficience des collectifs de travail.
Pour appréhender ces normes, l’ergologie met en oeuvre des dispositifs pluridisciplinaires d’élaboration des savoirs (les GRT, Groupes de Rencontres du Travail), qui associent les protagonistes du travail, les scientifiques et les acteurs institutionnels. L’enjeu : produire un regard nouveau sur le travail, dans la confrontation de ces trois niveaux de production de normes, sociales, scientifiques, et industrieuses et humaines.